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David Guion : « On a perdu quelqu’un de notre famille »

7 avril 2020
David Guion

Sa disparition, la réaction du groupe, un souvenir particulier, son rôle dans le vestiaire : le coach rémois évoque à son tour la disparition de cette figure du staff rémois, le Docteur Gonzalez.

Coach, dans quel état d’esprit êtes-vous en ces jours difficiles ?
« Toujours assommé. Comme tout le monde, je n’arrive pas à trouver des réponses à cette décision. Après ce qui est réconfortant, c’est de lire tous ces témoignages. On voit que c’est quelqu’un qui comptait, qui marquait les gens mêmes. On ressent cette influence à travers le témoignage d’anciens joueurs et entraineurs. Comme je l’ai dit aux joueurs, on vit une situation rare et dure : on a perdu quelqu’un de notre famille. »

Quelle a été justement la réaction du groupe à l’annonce de la disparition du Docteur Gonzalez ?
« C’est un séisme pour tout le monde. Pour la première fois depuis le début du confinement, on a fait une visio tous ensemble, joueurs, staff technique et médical. On avait tous besoin de se voir, se réunir pour observer un moment de recueillement ensemble. J’ai pris la parole avec des mots simples et concrets. Il y avait un silence pesant. C’était un moment spontané qui nous a fait du bien. »

« Je me souviens en particulier d’un dîner au cours duquel on avait échangé sur sa passion pour New-York. C’était un narrateur qui vous emmenait avec lui. »

Avez-vous une anecdote, un souvenir particulier avec le Docteur Gonzalez ?
« Vous savez, comme il ne faisait pas les déplacements et qu’au centre il était totalement accaparé pour les joueurs, nous avions peu de moments pour lancer de grands débats dont je sais qu’il était pourtant friand. Néanmoins, je me souviens en particulier d’un dîner au cours duquel on avait échangé sur sa passion pour New-York. Il m’avait fait le récit du jour où il avait arpenté à pied toute la  5ème avenue en partant du bas de Manhattan et en allant jusqu’à Central Park. C’était un narrateur qui vous emmenait avec lui. »

Quel est le rôle d’un médecin au sein du staff et en quoi le Docteur Gonzalez était précieux ?
« Un bon médecin de club, c’est quelqu’un qui soigne les joueurs et écoute les hommes. L’écoute est une qualité fondamentale à mon sens et je dois dire que l’on s’accordait sur ce point avec Bernard. Il savait déceler la personnalité de ses patients et on tombait régulièrement d’accord sur les traits de caractère des joueurs : l’anxiété d’une blessure, l’euphorie du moment : il lisait toutes ces émotions. Ensuite, ce que je retiens chez Bernard, c’est la qualité de ses diagnostics. Bon après, il y avait toujours des discussions sur la durée d’indisponibilité où j’essayais de gratter des jours par-ci par-là… Il me voyait venir… (sourire) Mais c’est le jeu de la relation entraîneur/doc et il le savait bien. »

Sur le plan de la saison, comment envisagez-vous la fin de saison ?
« J’ai toujours dit que j’étais pour une reprise de la saison. Avec la disparition du « Doc », ce vœu est renforcé pour que Delaune, tous les Rémoises et les Rémois lui rendent hommage autour d’une rencontre. C’est l’hommage qui lui correspondrait le mieux. Mais avant de penser à ce temps-là, et justement pour y penser je suis tenté de dire, il faut que chacun respecte le confinement. La situation sanitaire reste préoccupante et sans un effort de chacun, nous ne verrons pas le bout du tunnel. »